Je me lève tant bien que mal de mon lit d’hôpital. Julius me tend des habits que je prends et que j’enfile. Il a du trouver ces vêtements lors d’une des ses fouilles d’immeubles. Lorsque je suis prêt, il me fait signe de le suivre et sort par la porte. Je fait de même et le suis dans un grand couloir blanc. Arrivée dehors, Julius me montre un véhicule garé juste devant l’entrée. C’est un vieux Pick-up rouge. J’ouvre la portière côté passager et m’installe du mieux que je peux dans l’habitacle. Les siéges sont d’un vieux cuir qui a été usé par le temps. Julius s’installe au volant et démarre le moteur.
« - Ce Pick-up m’a été offert par mon père à l’âge de mes dix-huit ans.
- A oui ? En tout cas je trouve qu’il est bien entretenu.
- Merci Léo. Mais ces derniers temps il m’a beaucoup servi, notamment pour t’emmener à
l’hôpital.
- Dans ce cas je vous remercie, vous et votre Pick-up.
- Au, vous savez, pour moi c’est toujours un plaisir de porter secours à des personnes
dans le besoin. Avant je faisais parti des Restos du Cœur, et d’autres associations visant à aider les plus démunis. On peut dire que j’ai ça dans les veines.
- Pardonnez moi cette question Julius, mais ou vas-t-on ?
- Nous allons à notre campement. C’est là ou vivent les survivants de l’attaque. Ne vous
en faites pas, c’est un endroit bien.
- Qu’entendez vous par « un endroit bien » ?
- Hé bien, un endroit ou personne ne décide pour vous de ce que vous allez faire de la
journée. Une sorte d’utopie en sorte. »
A ce mot, je fronce les sourcils. Ce mot me remémore de vieux souvenirs de mon adolescence, lorsque je pensais pourvoir refaire le monde. Une utopie, un monde de paix et d’amour. Malheureusement, je me suis vite rendue compte que les être humains étaient encore trop bêtes pour arriver à passer ne serait-ce qu’une seule journée sans avoir une seule enguelade ou un seul acte de violence.
« - Hé bien, qu’est-ce qui ne vas pas ?
- Non, rien Julius.
- Vous ne savez pas ce qu’est une utopie ?
- Oh si, j’ai beaucoup étudié le sujet et j’ai encore de mauvais souvenirs gravés dans ma
tête.
- Quel genre de mauvais souvenirs ?
- On vas dire qu’il y a eu un échauffourée grave avec la police, lors de l’utop…
- L’utopie de 2008.
- Comment êtes vous au courant ?
- Hé bien, on peut dire, mon petit Léo que j’ai été moi-même, et suis toujours d’ailleurs
un fervent utopiste. J’étais là le jour où vous et vos amis avez tenté de créer une utopie en pleine campagne française. J’ai beaucoup aimé les trois semaines qu’a tenue votre utopie. On peut dire que je suis fier d’avoir participé à la création d’une utopie, même si celle-ci a échouée.
- Au moins vous en gardez le souvenir.
- Et bien plus qu’un souvenir. Je ne sais pas si tu te rappelles de la personne qui t’a
poussée lors de l’attaque éclair des forces de police. La personne qui vous a évité de vous recevoir une bombe lacrymogène en pleine figure.
- On va dire que je suis tombé la tête la première au sol et que je n’ai pas eu le temps de
voir mon sauveur.
- Hé bien, c’était moi. Il y’a trois semaines, quand je vous ai retrouvé, je vous ai
reconnu de suite. Vous n’avez pas réellement changé depuis tout ce temps.
- Vous m’avez sauvé la vie deux fois on dirait. Je pense que je doit vous dire merci.
- A vrai dire ce n’est pas ce que je recherche. Comme je te l’ai dit, Léo ; j’ai le don
d’apporter toute l’aide possible aux gens dans le besoin. Donc ne me remercie pas.
- Où se situe donc votre camp ?
- Nous y sommes. »
Julius arrête le véhicule juste en face d’un campement, que l’on pourrait qualifier de « Bidonville ». Les maisons sont faites avec des matériaux de récupération, les toits sont en tôles et les détritus sont étalés partout autour du camp. De quoi donner la nausée à des richissimes producteurs de pétroles habitués aux grandes villes de luxes et au caviar matin, midi et soir.
Julius sort de la voiture et me fait signe de rester derrière lui. Je le suis jusqu'à un baraquement fait de palettes de bois. Les murs de l’intérieur ont été recouverts de couverture, je pense que c’est pour isoler du froide. Julius me dit ensuite de rentrer avec lui afin qu’il me présente son équipe de choc, comme il dit. Il ouvre la porte et un homme blond regarde Julius.
« - Salut Julius.
- Salut les gamins. Alors comment s’annonce le repas de ce soir ?
Une femme brune s’approche de moi et me regarde de prés, j’arrive à sentir son parfum. Il titille mes narines et fait chavirer mon cerveau.
- C’est le gus que tu as emmené à l’infirmerie il y a trois semaines Julius ?
- Oui, et je vous demande tous d’accueillir Léo parmis nous. Il est des notre
dorénavant.
- Hé bien bonjour Léo, me dit la femme brune. Je m’appelle Latoya. Et je te présente mes autres amis, Alors ici le grand garçon aux cheveux blond et au visage rose, c’est
Bertrand.
- Salut mec, et bienvenue dans l’équipe.
- Ici ensuite nous avons le petit rouquin à la barbe, qui s’appelle Zéga.
- Bonjour, et bienvenue chez toi.
-Et ensuite nous avons Julius, mais tu le connais déjà.
- Merci à tous. C’est si gentil de votre part de m’accueillir. J’espère que je ne vous
gênerais pas.
- Pourquoi nous gênerais tu Léo ? me dit Bertrand. C’est bien toi qui as mené l’utopie
de mai 2008 ? Et si je me souvient bien, c’était toi que les gens aimé écouter. Tu étais un parfait porte parole."